Master class – JB Cortot
Qu’est ce qu’une master class ?
C’est une séance de question/reponse (d’environ 2h) entre un petit comité et un batteur experimenté. En general il commence par jouer un morceau et se suit les questions du public. Il donne son avis d’expert, ses conseils, son parcours, etc…
Maintenant que vous en savez un peu plus sur ce qu’est une master class. Je vais vous dévoiler ce que j’ai appris durant cette master class avec Jean Baptiste Cortot.
Je vais diviser cet article en 7 parties distinctes :
- Qui est JB cortot ?
- Son parcours
- Sa manière de jouer
- Son kit
- Ses expériences/conseils
- Le point clé de cette master class : le clic
- Mes impressions
1) Qui est JB cortot ?
Un type avec un sérieux CV à son actif :
- Batteur de Oxmo Puccino (rappeur).
- Remplacant de Loic Pontieux sur le plateau de la nouvelle star.
- Batteur dans la comédie musicale « RESISTE » de France Gall (3 représentations de suite à lyon à partir du 29 janvier 2016)
- Tournée avec Aaron, Amel Bent…
Bref pas mal de truc, pour en savoir plus sur la liste des concerts et des albums auquel JB cortot a participé, allez voir sur le site de Yamaha dont il fait parti.
2) Son parcours :
Comment a-t-il commencé ?
Il a plongé dans le monde de la musique à 6 ans en prenant des cours de piano. Il en a fait 3 ans, ça ne lui plaisait pas.
Il est donc parti dans une autre direction et il est rentré au conservatoire pour étudier les percussions classiques (timbale, vibraphone, marimba, etc…). Dans cette école il ne faisait pas du tout de batterie mais a acquis toute la technique de main nécessaire.
Par la suite il s’est mis à la batterie en autodidacte et en parallèle des cours, jusqu’à l’obtention du bac (condition des parents pour qu’il continue à jouer de la batterie 🙁 ). Il a commencé a traîner dans les clubs, les bars et les sessions d’impros où il jouait du jazz et du rock.
Ses influences :
Gamin, il écoutait beaucoup de musiques de variétés que mettait ses parents à la maison.
C’est lors d’un concert de Michel Jonasz en 1993, âgé alors de 12 ans, que sa vocation s’est décidée. Le batteur de l’époque n’était nul autre que Steve Gadd, incarnant pour lui le charisme et la maîtrise parfaite du rythme. A la fin du concert il s’est dit vouloir absolument faire ce métier. Et depuis il vit son rêve.
3) Sa manière de jouer :
Durant cette master class, JB Cortot joue 5 morceaux :
- Thriller de Michael Jackson : puissant et funky.
- Un morceau extrait de la comédie musicale qu’il allait jouer le lendemain.
- Uptown Funk de Mark Ronson et Bruno Mars.
- Deux autres morceaux issu de la comédie musicale.
J’étais tout devant (à environ 2m de lui), l’avantage : c’est que je pouvais tout observer, l’inconvénient : c’est que ça tapait. La caisse claire faisait une détonation qui arrachait les oreilles et m’envoyait à l’arrière à chaque coup. J’avais pas de bouchons, mais heureusement mes écouteurs m’ont sauvé de la surdité.
Ps : n’oubliait jamais, jamais de vous protéger (les oreilles).
Sa manière de jouer est assez particulière :
– Il joue les yeux fermés :
A la fois pour mieux se concentrer et pour apprécier le moment. Il dit que fermer les yeux permet d’être plus précis et d’entendre des choses qu’il n’entendrait pas les yeux ouverts. C’est comme quand il écoute une musique à très faible volume, il dit entendre des petits trucs en plus, à savoir pourquoi ?
Le fait d’enlever un des sens (ici la vue) permet de focaliser toute l’énergie sur un autre sens (l’ouie) et donc d’être plus performant. Essayez-vous même !
– Les éléments de sa batterie sont très bas :
Sa caisse claire lui arrive en dessous du genou. Ca lui permet d’avoir d’après lui plus d’amplitude, donc plus de puissance sans pour autant frapper très fort. Utile mais ne convient pas à tout le monde. Vous devez essayer de trouver la bonne hauteur qui VOUS correspond. Il y a des gens petits, grands. On est tous différents et on a tous nos préférences, choisissez-les votre.
4) Son kit :
Comme tout batteur qui se respecte, il a son propre équipement.
Tout naturellement sa batterie est une Yamaha, mais pas que. Il utilise des cymbales Zildjian (crash, ride, china, etc…), des baguettes Promark et plusieurs caisse-claires de marques différentes.
Je vais passer la partie sur le type de cymbales qu’il utilise (ZXT…), je pense que c’est pas le plus important.
En tout il possède 6 caisses claires. Chacune a son propre timbre, sa sonorité. Il peut donc choisir laquelle utiliser pendant ses enregistrements ou sur scène. Ça lui permet de rester dans l’esprit du morceau. Le son de la caisse claire est très important, vous pouvez être complètement à côté de la plaque avec une caisse claire de mauvais gout.
Il utilise un deuxième charley placé à droite pour libérer sa main gauche et pour faire des ouvertures charley. Ca donne plus de groove et en concert ça permet de jouer avec les 2 sons. Le charley droit va sortir du côté droit de la salle et celui de gauche à gauche de la salle, le rendu doit être totalement immersif.
5) Ses expériences et conseils :
Sa petite astuce concernant les réglages de la batterie :
Lorsqu’il installe une nouvelle peau, il la tend à fond jusqu’à entendre des craquements. Il redétend ensuite la peau puis règle enfin la partie supérieur et inférieur des fûts jusqu’à ce que ça lui convienne. « Ca permet à la peau de ne pas rester trop rigide et éviter ainsi les problèmes de désaccordage en plein concerts. Je change mes peaux de toms tous les 2 ou 3 concerts pour garder un son propre. »
Une batterie est comme une voiture finalement : il faut l’entretenir, changer des pièces de temps en temps et la chérir pour qu’elle fonctionne.
Une question que je lui pose après sa reprise de Thriller :
Qu’elle est la chose la plus importante quand tu fais un cover ?
Ce à quoi il répond : « Il faut savoir s’adapter au morceau. Vous devez vous concentrer sur l’esprit que vous voulez donner au morceau ». Vous voulez jouer plutôt funky, alors usez du charley, vous voulez jouer bien rock, alors tapez fort. « Vous devez vous approprier le morceau et en faire quelque chose d’unique et de personnel. »
Son expérience sur le plateau de la Nouvelle Star :
C’est Loic Pontieux, le batteur officiel de la Nouvelle Star qui proposa à JB Cortot de le remplacer sur un tournage de l’émission. Au départ réticent, il a fallu 3 années à Loic pour l’en convaincre.
Son excuse : « Je ne pensais pas être capable de lire les partitions »
Malgré des années passées au conservatoire à étudier des feuilles de papier, un batteur expérimenté a peur de jouer car il doit lire une partition, VRAIMENT !!
« Ca faisait 10 ans que je n’avais pas lu, je pensais que ça allait être trop dur« .
Loic insista, et il finit par craquer et se lança dans cette aventure.
« Je ne suis pas un bon lecteur, il me faut une demi-journée pour déchiffrer une partition. Finalement ça s’est bien passé, les rythmes écrits étaient plutôt simple à jouer ».
Osez prendre des risques. La peur est souvent bien plus terrible que la réalité.
Comment ça se passait ?
Avant le tournage de l’émission il y avait 3 jours de répét pour être bien calé. Et vu le nombre de morceaux qu’il devait jouer, les 3 jours n’étaient pas du luxe.
« Le directeur artistique passait les musiques les unes après les autres, dès le premier passage à peu près correct. Ca permettait d’avoir une version ‘live’ et de le donner au candidat le plus rapidement possible pour qu’il le bosse pour la semaine d’après ». Concentration et vivacité devaient être de mise.
Le jour J :
« J’étais au taquet car j’avais des oreillettes qui me permettaient à la fois d’entendre le clic et la régie en même temps. Le plus déroutant était que la régie donnait le départ (c’est à vous dans 3,2,1) et le clic du début de la musique commençait en même temps. Il fallait donc vraiment être aux aguets pour ne pas louper le début du morceau en plein direct ».
Pour bien jouer sur scène il faut se voir :
Pour lui, toutes ses expériences ont été intéressantes. Certaines plus que d’autres, mais dans tout ce qu’il a fait il a pu apprendre quelque chose. Il ne regrette rien.
« Parmi l’une de mes expériences les plus marquantes il y a eu l’enregistrement de l’album et la tournée avec Oxmo Puccino ».
Voici un extrait de sa tournée :
Sur scène, la position des musiciens étaient particulières. Ils formaient un espèce de demi-cercle. JB cortot se situait tout à droite et il était en face du claviériste, avec au milieu le chanteur.
« C’est très important de pouvoir se voir quand on est sur scène. Ça permet d’avoir une connexion avec l’autre et de ne pas jouer tout seul dans son coin. La musique est créée ensemble et ça donne plus de chaleur au message ».
Il dit : « Oxmo a le don de réunir les gens. Le travail se passait dans la bonne humeur, ce qui implique forcément des concerts réussis. C’est nécessaire pour avoir un résultat à la hauteur ».
L’entente dans un groupe est primordial : c’est ce qui fait la force, ce qui permettra au groupe de gravir l’échelle malgré les échecs. Ne jamais baisser les bras est le secret de la réussite. Dès qu’un membre du groupe n’est pas bien, il y en a toujours un pour lui remonter le moral.
Utilisez la synergie : on est plus fort à plusieurs que tout seul.
La qualité d’un bon batteur :
« Je ne me définis pas comme un gros performeur. Je n’ai pas la technique que certains grands batteur ont. Je ne suis pas capable de faire du 200 à la double croche ou des solos impressionnants. Ce n’est pas que c’est pas bien, c’est juste que ça ne m’intéresse pas. Je ne voulais pas faire une carrière solo et bosser la technique pur ». Son but c’est de faire de la musique avec des gens qu’il apprécie, de la faire partager avec le public et de monter sur scène.
Chacun a son propre objectif : devenir LE meilleur batteur du monde, le plus rapide, accompagner des artistes ou jouer dans un groupe. Vous n’êtes pas obligé d’être très bon pour faire carrière dans la batterie. Il suffit d’être en place et d’aimer ce que vous faites, c’est le principal.
Le conseil pour un batteur amateur qui voudrait devenir professionnel :
« Jouez le plus souvent possible, que ce soit dans les bars, entre amis, à des concerts. » Vous aurez une expérience qui ne fera que grossir et ça vous permettra de décrocher un jour LE poste qui fera décoller votre carrière.
« Il faut rencontrer d’autres batteurs, des professionnels, nouer des liens et vous forger un petit réseau. » C’est comme ça que vous trouverez peut-être quelqu’un qui sera intéressé par ce que vous faites et vous donnera l’opportunité de montrer vos talents : par le bouche à oreille.
L’avantage de commencer petit :
Pour lui, il faut commencer comme ça : dans les petits endroits. « Ça permet de tester le public, de voir ce qui marche, ce qui marche pas, de progresser aussi. C’est très important car ça pousse à se donner à fond et ça donne envie d’aller chercher le public, de le faire danser. «
Il raconte une anecdote : « J’ai joué dans un groupe qui marchait plutôt bien, et ils ont eu du succès immédiatement. Il ne sont pas passé par ces étapes où tu galères, où tu donnes toutes tes tripes. Et parfois pendant certains concerts ça marchait moins bien, le public n’était pas présent. Ils se demandaient pourquoi ? En fait c’est justement parce qu’ils n’envoyaient pas assez la sauce, et ça c’est assez compliqué à dire à des musiciens qui ont déjà une certaine réputation ».
Galérer permet de faire des erreurs et de les corriger pour devenir meilleur.
Etre au sommet tout de suite implique euphorie puis incompréhension dès la première déception.
Acceptez le fait d’être en bas pour mieux appréciez le jour où vous serez au top.
6) Le point clé de cette master class : le clic
Faut-il ou pas travailler avec le métronome ?
Au premier abord vous pourriez penser que OUI c’est important, tout le monde vous rabâche ça.
Mais une remarque très pertinente de quelqu’un du public m’a interpellée :
« Si on prend l’habitude de toujours jouer au clic, est-ce qu’on peut devenir dépendant de cet outil ? »
Ce à quoi il répond : « Le travail au métronome est très important mais il faut savoir s’en libérer dans certaines situations.
Pour la précision, j’ai l’habitude de faire cet exercice pour travailler mon horloge interne ».
Et il donne pour exemple l’exercice suivant : jouer des noires à tempo très bas (30) en alternant grosse caisse et caisse claire. Un dessin vaut mieux que 1000 mots.
Exercice de JB Cortot pour travailler sa précision :
Le but est d’être au plus juste par rapport au métronome. A tel point de ne plus l’entendre.
Le conseil qu’il donne pour rester dans le temps est de se chanter quelque chose dans la tête. Et le répéter tous les temps, comme un cycle infini.
« Plus vous travaillerez lentement plus vous serez bon »
Après il faut être souple par rapport à ça et ne pas trop se prendre la tête. Quand vous travaillez sérieusement, mettez le métronome et donnez-vous à fond pendant 10, 15, 20 min. « Si vous jouez en groupe alors ne mettez pas de clic. Il faut apprendre à être assez libre, en concert vous devrez gérer les imprévus et vous n’aurez pas de clic ». Autant s’y habituer dès le début.
Pour résumer : le métronome est l’élément incontournable de tout bon batteur, il a ses avantages et ses inconvénients. Il faut savoir l’utiliser pour travailler les parties difficiles mais aussi prendre ses distances et avoir son propre tempo dans la tête. Etre esclave du métronome peut avoir pour conséquence la panique et le blocage, et en live c’est pas cool.
« L’homme ne sera jamais aussi précis que la machine. Mais c’est ce petit décalage, cette petite nuance qui fait que ça va plaire. »
Vous ne devez pas chercher à ne pas faire d’erreurs mais plutôt chercher à faire mieux que la dernière fois.
7) Mes impressions
Cet événement s’est passé le 28 janvier 2016 à la Progressive Drum School à Perrache où je prends des cours.
C’était la première fois que j’assistais à une master class (on a tous une première fois 🙂 ), et j’ai trouvé ça super enrichissant. J’ai créé ce blog pour vous aider à vous améliorer en vous délivrant toutes mes techniques et astuces. Et aussi pour vous présenter tout ce qui ce fait en terme d’événements. Je pense qu’à chaque événement quel qu’il soit on peut en tirer quelque chose.
Je vous conseille de sortir découvrir de nouveaux groupes, de discuter avec des professionnels, c’est vraiment instructif et motivant. Cette master class a été l’occasion pour moi et j’espère pour vous aussi, de découvrir à la fois un nouveau batteur et de précieux conseils qui nous servirons peut-être à devenir la future star du groove…
A vous de créer l’histoire 😉
Quel est pour vous le plus précieux conseil ?
Si demain on vous proposait de jouer avec une star, ce serait qui ?
Avez-vous déjà assisté à une master class ? (si oui quelles ont été vos impressions, si non quel batteur vous aimeriez avoir en cours particulier)
Merci, je ne connaissais pas la master class mais ca donne envie pour échanger et découvrir les différents trucs et astuces des « grands » de ce monde.